REFLET DE LETTRES Présence des revues Formules et FPC
Comptes-rendus de lecture n° 3 Série « Raymond Roussel » de La Revue des lettres modernes (Minard), n° 2, Deuxième livraison de la série « Raymond Roussel » de La Revue des lettres modernes (Minard), ce volume n’aborde guère l’œuvre de cet auteur par le biais de la contrainte. Il est centré autour de la question de l’image, et donc de l’imaginaire, question essentielle pour un auteur qui déclarait : « Chez moi, l’imagination est tout ». Les travaux critiques procèdent d’approches théoriques très diverses. Anne-Marie Basset s’appuie sur les travaux de René Girard portant sur le sacré pour étudier la genèse d’Impressions d’Afrique et le rôle qu’y joue la constitution d’un mythe civilisateur. L’étude thématique de Bernadette Gromer porte sur les figures de la décadence rapprochées d’une iconographie – et même d’une imagerie, voire d’une culture – fin de siècle. Notre collaborateur Alain Chevrier cherche à « mettre en évidence les procédures textuelles visant à rendre compte des singularités visuelles du référent. » (P. 93.) Erik Leborgne recherche la présence de l’anamorphose dans Les Noces, anamorphose qu’il rapproche de la vision du monde de Roussel. Masachika Tani évoque la « tentation du ralenti » – c’est-à-dire du figement de l’action, de l’arrêt sur image serait-on tenté de dire – et montre de manière convaincante qu’elle rejoint une « dialectique […] de la vie et de la mort ». Christelle Reggiani fournit une typologie des modes de présence de l’iconique – de l’illustration à la confrontation – et de sa textualisation. Son étude approfondie lui permet de conclure à une « ascèse contrariée » à l’égard de l’image. Ainsi, pour faire l’objet du « procédé », celle-ci doit se faire mot(s). L’œuvre est d’abord textuelle. En même temps, Reggiani reprend le concept d’antitexte, pour affirmer que l’iconique contribue à subvertir l’écriture, ainsi que des modèles textuels avec lesquels Roussel ne rompt pas explicitement. Cet article fondamental est précédé par celui de Sjef Houppermans, critique que les lecteurs de Formules connaissent bien. À travers les images, il tente de réévaluer la place du désir dans l’art machinique de Roussel. Deux articles hors dossier complètent le numéro. Éric Lavallade s’intéresse à l’intervention des genres policier et fantastique dans Locus Solus. Quant à Hermes Salceda, il se préoccupe d’un sujet inédit, le « style-Roussel », de manière particulièrement remarquable. L’ensemble de la revue éclaire donc des aspects encore peu étudiés de l’œuvre de Roussel. L’ensemble fait globalement référence au concept de « pensée de l’écran », qu’Anne-Marie Christin présentait en 1995 dans L’Image écrite ou la Déraison graphique : une pensée qui serait à l’œuvre dans toute écriture n’étant pas seulement régie par la linéarité. D’où l’étude précise d’œuvres comme celle de Marinetti (Wanda Strauven), Mina Loy (Alex Goody) ou Larbaud : notre collaborateur Jan Baetens tente, à propos du recueil Jaune bleu blanc, de renouveler la lecture de ce dernier auteur. On retiendra également l’article passionnant de Pascal Durand, consacré au projet du Livre mallarméen. D’autres articles présentent des projets plus larges : montrer en quoi Dada anticipe le cyberart (Eric Robertson) ou comment les modalités de la génétique textuelle anticipent écriture électronique et traitement de texte, en particulier lors de l’usage de la machine à écrire (Claire Bustarret). Enfin, Dominique Ducard étudie les mutations actuelles de l’encyclopédisme, prônant la définition d’un nouvel art de la mémoire. Plusieurs contributions s’intéressent aux nouveaux imaginaires qui se définissent à l’occasion de l’apparition de l’hypertexte. Ainsi d’Yves Jeanneret, à propos d’une encyclopédie sur CD-Rom, et d’Emmanuel Souchier (dont nos lecteurs connaissent certainement les travaux sur Queneau), à propos du « portail » de Voila. Comme le montre aussi Annie Gentès, le discours d’accompagnement des nouvelles technologies développe une idéologie de la facilité et de l’immédiateté qui est loin de correspondre à leur réalité : manipuler les interfaces écraniques nécessite l’apprentissage de codes souvent empruntés à des domaines hétérogènes (comme la presse et la documentation). Certains articles traitent de sujets plus spécifiques, comme les poèmes interactifs (Philadelpho Menezes), le roman 253 de Geoff Ryman, publié à la fois sur papier et sur support électronique (Licia Calvi) ou le CD-Rom Le Mystère Magritte, réalisé en 1996 (Nathalie Roelens). Isabelle de Ridder et Inge Lanslots s’intéressent à un éventuel « hyperapprentissage ». Ce volume particulièrement riche s’achève par un article à valeur conclusive d’Anne-Marie Christin porte sur la revue Riga, revue composée seulement d’images. Le multimédia réactive les interrogations portant sur le signe et la lecture. La grande réussite de ce livre tient dans le fait que la fusion des pages crée, à partir des mêmes phrases, des situations totalement inédites. Imbriqués, les dialogues ou les descriptions déjà lus prennent une tournure toujours nouvelle et jubilatoire à découvrir. Chacune des trois parties de ce livre ont des noms d’outils pour titres : Dans Télescope, sextant, chaîne d’arpenteur, c’est la définition et l’étendue de la poésie contemporaine qui est abordée. Dans Chronomètre, horloge, agenda la question de ses héritages et de sa contemporanéité. Rabots et robots inventorie ses formes. Un chapitre de cette troisième partie est consacré aux écritures à contraintes et cite « la revue Formules ». Exposition personnelle et parcours artistique de Patrice Hamel, collaborateur régulier de Formules, du 15 mars au 26 mai 2006. Ses ambigrammes, (dont certaines Répliques publiées par Formules) sont montés à grande échelle dans des lieux publics : 5 place de l'Odéon, Stalingrad (Angle rue de l’Aqueduc/ Boulevard de la Villette), Grande verrière de la Gare du Nord, Marché St Quentin / « Magenta Ephémère », IRCAM/Centre Georges Pompidou, Théâtre du Châtelet. Publication de la monographie Patrice Hamel aux éditions mf disponible dès le mois de mars (photos de Répliques, entretien avec Patrice Hamel, articles théoriques de Patrice Hamel, Jean-Noël Orengo, John Cornu). Le 1er avril 2006 à 15 h à la Maison Rouge transcription orale et spatiale de « Au sens propre », texte de Patrice Hamel (éditions J.-M. Place) précédée d'une signature chez Bookstorming de la monographie « Patrice Hamel ». |
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