FORMULES

Éditoriaux du numéro 12


À considérer les textes des créateurs contemporains publiés par Formules, il apparaît que le sonnet a été le cadre formel ancien le plus fréquemment utilisé. Tout au long des onze numéros précédents, nous avons en effet accueilli, en plus des formes purement expérimentales, sui generis par définition, un nombre considérable de sonnets contraints, c’est-à-dire d’œuvres qui ajoutaient des règles textuelles supplémentaires aux règles canoniques du sonnet. Cela n’est qu’un signe de plus qui confirme la présence constante du sonnet et de ses variantes libres ou à contraintes dans les pratiques poétiques actuelles.
Le dossier principal réunit des créations et des articles d’érudition, c’est-à-dire toutes les interventions orales présentées lors du colloque annuel que nous publions, et qui a été réalisé cette fois avec une très importante collaboration de l’Université de Poitiers et de la revue La Licorne, sans oublier l’apport de Formes Poétiques Contemporaines. Ces deux revues partagent avec Formules un bon nombre de préoccupations formelles communes.
Le présent numéro réunit ainsi des sonnets textuels ou visuels de plusieurs poètes et d’artistes contemporains dont l’œuvre est très présente.
Nous y avons inclus aussi quelques échantillons de l’heureuse utilisation actuelle des règles prosodiques, longtemps délaissées dans la traduction de sonnets classiques. Ces contributions de créateurs sont précédées par de nombreuses études sur le sonnet d’aujourd’hui et du XXe siècle, ainsi que par un excursus historique sur leurs antécédents au XIXe siècle.
Ces essais et ces créations d’aujourd’hui témoignent de la plasticité du sonnet : nulle forme ancienne n’est moins fixe, nulle forme ne transcende plus les frontières, nulle forme reçue n’est plus susceptible d’une individualisation formelle.


Alain Chevrier & Bernardo Schiavetta

Le sonnet a-t-il jamais été délaissé ? Assurément oui, tant l’on sait que certaines périodes, à commencer par l’Entre-deux-guerres du XXe siècle en France, connaissent une manière d’éclipse du sonnet, du moins du côté des poètes les plus exigeants et conscients de leur art. Et pourtant non, ne serait-ce que parce que l’idée même de sonnet, la pensée du sonnet comme modèle, comme forme, n’a jamais cessé d’occuper l’esprit, y compris des poètes les plus enclins à jeter aux orties des formes un temps jugées par trop académiques.
On assiste cependant depuis plusieurs décennies, en France à tout le moins, à un renouveau du sonnet, auquel ont fait retour aussi bien des poètes éminemment préoccupés par les formes et les contraintes (à commencer par Jacques Roubaud et d’autres oulipiens) que des poètes a priori plus éloignés de telles considérations ou qui les envisagent autrement (de Jacques Réda à Emmanuel Hocquard en passant par Jude Stéfan, Jacques Darras ou, tout récemment, Bernard Noël). Chez plusieurs de ces poètes, ce retour au sonnet a pu découler, ou s’est accompagné, d’un regain d’intérêt, voire d’une redécouverte de certains sonnettistes des siècles passés, en particulier du XVIe siècle.
Ce colloque se donne donc la double ambition d’examiner les pratiques actuelles du sonnet et de s’attacher à divers aspects du retour à l’histoire du sonnet, à ses visages anciens qui, d’Aragon à Roubaud par exemple, a marqué ce retour en grâce, voire ce retour en force.

Dominique Moncond’huy (E.A. 3816, Forell)


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